Atmf communiqué : Solidarité avec le docteur Labbas Sbaï tabassé par un gardien de la prison de Zagora au Maroc
« On m’a frappé, on m’a frappé, sur la tête … Violement…
Ici, c’est Guantanamo, c’est Abu Ghraïb … »
Ici, c’est le Maroc…
Ce sont avec ces derniers mots, en toute conscience que Labbas SBAÏ, citoyen suisse d’origine marocaine, chirurgien de 67 ans reconverti au tourisme écologique, détenu à la prison de Zagora, au sud du Maroc, a dénoncé son tabassage par un gardien qui s’est acharné sur sa tête, provoquant douleurs et absences constatées par son frère Brahim, lors de sa visite du 2 juin 2022.
Depuis, c’est porté sur une chaise par 4 gardiens, qu’il a été présenté à son frère le 14 juin dernier. Le regard perdu, sans aucune expression, dans l’incapacité d’articuler un seul mot, de se mouvoir, de se maintenir ou de réagir, Labbas semblait avoir quitté tout contact avec le monde extérieur.
Maintenu dans cet état semi comateux, sans accès aux soins appropriés, en violation des droits humains, Labbas risque le pire.
Pour quel crime ?
Celui d’avoir osé dénoncer la corruption et le trafic de drogue qui sévissent à Mhamid El Ghizlane, à la frontière maroco-algérienne, celui d’avoir désigné un système mafieux où seraient impliqués des politiciens, des hauts fonctionnaires et des militaires gradés, le quotidien suisse « Le Temps », l’affirme.
Ces actes ont déjà valu à Labbas, des arrestations entre 2006 et 2010, puis son adoption au cours de cette dernière année, par Amnesty Internationale comme prisonnier politique et lanceur d’alerte qui dérange le pouvoir marocain.
Pour quelle raison ?
La raison d’état, la raison de l’arbitraire et de la muselière, qui fait de la torture et de la maltraitance violente des citoyens, une arme pour terroriser toute voix osant relever la tête, dénonçant l’abject.
Dans quel endroit ?
« Ici ».
« Ici » C’est le Maroc. C’est le Guantanamo, l’Abu Ghraïb, où le détenu politique comme le détenu de droit commun, sont traités avec barbarie.
« Ici », c’est le Maroc « nouveau », un Maroc ne s’embarrassant plus de sauvegarder une image policée. Un Maroc d’arrogance, dopé par des soutiens et collaborations d’organes d’espionnage et de crimes à l’encontre notamment du peuple palestinien.
« Ici », c’est le Maroc qui jette les meilleur-e-s d’entre les filles et les fils de son peuple dans les prisons : Manifestants, militants des droits humains, militants du Rif et des zones marginalisées, journalistes, historiens, youtubeurs, rappeurs, citoyens revendiquant leur citoyenneté…
« Ici », c’est le Maroc où on doit se taire ou crever.
Alors, que nos voix tonnent !
Réclamons avec force, justice pour Labbas, justice pour tous les Labbas !
Que les tortionnaires soient poursuivis pour leurs crimes !
Que toutes les voix libres soient libérées !
Que tous les détenus sans distinction aucune soient traités avec dignité!
Que les prisons de la honte soient fermées !