DANIÈLE OBONO : communiqué de l’ATMF

DANIÈLE OBONO « esclave enchaînée »

Un scandale d’État

Une République en dérive

 

L’indignation suscitée par la représentation faite par Valeurs actuelles de la députée noire Danièle OBONO, grimée en esclave (chaînes autour du cou) est légitime et nécessaire mais restera sans portée si on ne se demande pas où sont les responsabilités : là où l’apologie du racisme prend racine et là où elle trouve les relais pour s’ériger en stratégie politicienne clivante et destructrice de notre société.

 

Si, à l’origine de ce poison réside l’extrême droite et ses thèses dangereuses, la reprise de certaines de ces dernières par d’autres forces politiques, a préparé le terrain non pas à une Danièle OBONO « esclave », mais à des milliers comme elle, toutes celles et ceux qui partagent sa couleur de peau, son origine d’immigrée, qui sont jetés en pâture au moindre débat politique racialisé. Ces enfants de la République, toujours étrangers dans l’imaginaire collectif, sont particulièrement stigmatisés à la veille de chaque échéance électorale, où la course aux voix de la droite dure et de l’extrême droite les expose à une violence inouïe.

Faire la couverture de « Valeurs actuelles », accorder des interviews à cette revue comme l’ont fait le Président de la République et plusieurs de ses ministres, ne peut être considéré comme une expression parmi d’autres. C’est un signal fort conduisant cet organe à se sentir légitime, poussant plus loin la libération de sa parole haineuse. Thierry VEYRIER, responsable du Rassemblement National vient également de le faire en menaçant de mort  Anasse KAZIB (militant syndicaliste) sur Twitter.

 

Déclarer en tant que ministre de l’Intérieur, qu’il « faut stopper l’ensauvagement d’une partie de la société », revient à reprendre à son compte une thématique chère à l’extrême droite désignant les Noirs, les Arabes et les musulmans de France comme les sauvageons.  Le raccourci est vite établi entre sauvageon et sauvage, puis sauvage et couleur de peau. D’ailleurs, le magazine Valeurs actuelles, s’en est pris à la députée Danièle OBONO, dans un numéro titré « l’ensauvagement », un numéro consacré entièrement aux « méfaits de ces barbares ».

Marlène SCHIAPPA, ministre déléguée à la Citoyenneté, en reprenant à son compte les propos de Gérald DARMANIN,  « Je partage le constat et le vocabulaire… », met à mal  la citoyenneté.

 

Véhiculer les clichés à l’encontre d’une partie des citoyens français en raison de leurs origines,  avoir recours à la virulence verbale au nom d’une France profonde qui ne supporterait plus des « sauvages » qui prôneraient « séparatisme », « communautarisme », « racialisme », visent à nous détourner du véritable combat, celui pour la justice sociale pour tous, sans discrimination aucune et quelque soit sa couleur de peau. Il ne faut pas s’y tromper.

 

Il n’y a nulle voie en dehors de l’union de toutes de celles et ceux qui aspirent à une vie digne et juste.

C’est l’unique voie qui triomphera de la haine au profit de notre humanité.

C’est l’unique voie où nulle femme, nul homme ne sera esclave.

Nous nous devons d’être solidaires de toutes et tous les Danièle OBONO.

 

ATMF est signataire de l’appel du rassemblement

de samedi 05.09.2020

de 17 h à 20 h

à la Place du Trocadéro  Paris.

Atmf – Paris, le 1er septembre 2020