Association des Travailleurs Maghrébins de France
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Mot de l’ATMF le 1er mai 2018 : hommage à Brahim Bouarram

 

Assassinat de BRAHM BOUARRAM : Rassemblement contre les racismes et les crimes racistes

Aujourd’hui, nous sommes rassemblés ici pour dire notre condamnation du racisme qui a tué Brahim BOUARRAM le 1er mai 1995 ici, ce racisme qui avait tué Ali IBRAHIM à Marseille le 21 février 1995 par des militants du front national, ce racisme qui a tué avant, comme en octobre 1961, et qui n’a jamais cessé de tuer.

La lepénisation des esprits n’a cessé de gangrener une partie de la société française, et l’année dernière à cette même période, nous étions en présence de Marine Lepen au 2ème tour des élections présidentielles.

Cette lepénisation des esprits s’est bien développée avec la complicité de nombreux dirigeants politiques qui ont adopté l’idéologie essentialiste et raciste, en sus de leurs politiques antisociales et pro patronales. Rappelons nous en 1983 lorsque Gaston Deferre, ministre de l’intérieur sous François Mitterrand, qualifiait des grèves dans les usines de : « grèves saintes, d’intégristes, de musulmans, de chiites ».

Depuis, on a pu assister de plus en plus à des discours d’hommes politiques qui conduisent à ce que la population musulmane devienne un ennemi de l’intérieur, notamment après les attaques de Charlie hebdo, de l’hyper casher et du bataclan. Des attaques que nous avons condamnées fermement.

Depuis on a assisté aussi, petit à petit, à la construction d’une autre manière de stigmatisation et de banalisation de la parole raciste dans l’évocation du musulman.

Et nous voilà aujourd’hui face aux discours associant les musulmans à la violence et au terrorisme. Et nous voilà en face d’un manifeste qui veut nous apprendre que l’antisémitisme contemporain a pour origine l’islam et les musulmans, ponctuellement appuyés par des gauchistes. Que les musulmans seraient une grande menace pour ce monde de liberté qu’est la France.

Nous, nous avons toujours dénoncé et combattu tous les racismes, l’antisémitisme, la xénophobie, l’islamophobie, la négrophobie, la romophobie….

Ce manifeste à l’analyse simpliste est abjecte et insultant, pratiquant la confusion et semant la haine, ignorant la montée des droites racistes extrêmes en France et en Europe, et se focalisant sur les musulmans des quartiers populaires, population déjà affaiblie par les discriminations et l’absence d’égalité des droits.

Ce manifeste est tout simplement raciste et islamophobe parce qu’on ne combat pas l’antisémitisme par l’islamophobie, on ne combat pas l’antisémitisme par monter une communauté contre une autre, on ne combat pas l’antisémitisme en fermant sur les yeux sur les droits des palestiniens et sur les massacres du peuple palestinien par l’armée d’occupation israélienne.

Cher e ami e s, cher e s camarades, mesdames, messieurs, le racisme qui a tué Brahim Bouarram un 1er mai 1995 est toujours présent, et ce manifeste n’en est qu’une preuve de plus.

Et pendant ce temps là, la casse des droits et des immigrés continuent.

les immigré e s et les sans papiers continuent à faire l’objet de lois de plus en plus répressives. La loi asile et immigration n’avait d’autres objectifs que d’accentuer et renforcer les mesures répressives contre les immigrés et les demandeurs d’asile. L’enfermement des familles et des enfants fait dorénavant partie intégrante de l’arsenal législatif dressé contre les immigré e s et leurs familles.

Mais la résistance à l’injustice et à la répression anti immigrée est toujours là, rassemblant les forces progressistes pour des actions de résistance.

La réussite des marches de 2016, 2017 et 2018 contre le racisme et les violences policières fait partie de ces combats pour contrer et faire face au racisme pour le faire reculer.

Aujourd’hui, nous disons halte aux discours racistes et leur banalisation.

Aujourd’hui, nous disons halte au racisme, à la xénophobie, à l’islamophobie, à l’antisémitisme, à la négrophobie, à la romophobie.

Halte aux discriminations des jeunes dans les quartiers populaires.

Halte aux discriminations qui ont pour victimes les vieux migrants dans les foyers.

Halte à la politique de fermeture des frontières, et ses milliers de morts en méditerranée.

Halte à l’enfermement des familles et des enfants

Halte à la répression et à l’exploitation des sans papiers.

Nous dénonçons et condamnons les rafles, les violences et actes racistes dont sont victimes les migrants subsahariens dans les pays du Maghreb par une partie de la population et par les autorités de ces pays.

Nous en profitons pour saluer le combat du peuple rifain depuis plusieurs mois et demandons la libération des prisonniers politiques au Maroc. Nous demandons aussi la libération de Zine Elabidine Radi, réfugié politique en France, entré au Maroc suite au décès de son père, et qui a été emprisonné par le pouvoir marocain.

En ce jour d’hommage et de lutte contre le racisme, nous saluons d’ici Paris, le combat du peuple palestinien dans sa marche pour le retour, et nous condamnons ce silence sur la tuerie des enfants palestiniens chaque jour.

Merci.

Driss Elkherchi – Président de l’ATMF Association des Travailleurs Maghrébins de France

 

 

Crédit photos : Said Laayari

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