Maroc: poursuite des expulsions de clandestins africains
samedi 15 octobre 2005, 19h15
RABAT/ALGER (AP) – Sur fond de polémique avec le Polisario, les autorités marocaines poursuivaient samedi les opérations de refoulement de clandestins sénégalais et maliens en direction de leurs pays respectifs après que ces derniers ont tenté de s’infiltrer dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla.
Tôt samedi, deux Boeing 737 de la Royal Air Maroc ont décollé de la base militaire de Goulimine (800km au sud de Rabat) en direction de Dakar et de Bamako. Deux autres vols à destination des capitales sénégalaise et malienne sont prévus dans la soirée.
Des consultations entre les autorités marocaines et les gouvernements de plusieurs autres pays d’Afrique subsaharienne ont permis de trouver un accord pour le refoulement de clandestins de nationalités camerounaise, gambienne, nigériane ou guinéenne, apprend-on de source gouvernementale.
« Il s’agit de négociations dans le cadre de la bonne coopération sud-sud entre pays africains en développement dont fait partie le Maroc », a-t-on précisé de même source à l’Associated Press. Les clandestins présents sur le territoire marocain en provenance d’Afrique subsaharienne représentent une quarantaine de nationalités.
Ces opérations de refoulement devraient commencer en début de semaine prochaine à partir de la base militaire de Bou-Izakarn (40km au nord-est de Goulimine). Au total, près de 1.600 ressortissants sénégalais et maliens ont été refoulés par avion dans leurs pays respectifs depuis la mise en place d’un pont aérien à partir de la ville d’Oujda (nord-est) en début de semaine.
Ces opérations se déroulent sur fond de polémique entre le Maroc et le Front Polisario sur le sort des clandestins refoulés. Le mouvement sahraoui accuse Rabat d’expulser certains des immigrés vers le désert algérien, ce que le royaume chérifien a vivement démenti en parlant de « manipulation ».
Dans une dépêche diffusée vendredi après-midi par l’agence officielle MAP, le Maroc accuse le Polisario et l’Algérie, « sans scrupule aucun et avec une impudeur sans égale », d' »instrumentaliser (…) de manière mensongère un drame que les voisins de l’est du Maroc ont largement contribué à nourrir en faisant des frontières une véritable passoire pour les migrants clandestins », selon le ministère marocain de l’Intérieur.
Des accusations pourtant renouvelées samedi par le représentant du Polisario à Alger, Mohamed Beïssat. Dans un entretien à l’Associated Press, il a affirmé que « le phénomène va prendre de l’ampleur dans les prochains jours, car il y a entre 800 et 1.000 émigrés que les autorités marocaines ont expulsé par voie terrestre ».
Selon lui, les clandestins découverts cette semaine dans le désert « étaient dans un état d’épuisement avancé » et portaient « des traces de sévices corporels » infligés par les militaires marocains. « Nous leur avons donné de la nourriture, des vêtements et les premiers soins, mais (…) nos modestes moyens ne nous permettent pas de les prendre en charge pour longtemps », a ajouté M. Beïssat. AP