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Journée européenne contre l’enfermement des étrangers

Comme l’ont récemment montré les mouvements de protestation des
étrangers internés dans les centres de rétention du Mesnil-Amelot et
de Vincennes, ainsi que le traitement de Tchétchènes placés en zone
d’attente à leur arrivée à Roissy, il n’existe pas de « bonnes »
conditions de détention ou de rétention. L’enfermement des étrangers
est par sa nature porteur de violations de leurs droits
fondamentaux : en premier lieu, la liberté d’aller et venir, mais
aussi le droit d’asile, le droit au respect de la vie privée et
familiale, le droit de ne pas subir des traitements inhumains ou
dégradants, ou encore les droits spécifiques aux mineurs.

Malgré cette évidence vérifiée partout dans le monde, l’Union
européenne s’apprête à aggraver la situation. Elle a, en effet, mis
en chantier une directive « relative aux normes et procédures
communes applicables dans les Etats membres au retour des
ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier », qui sera
soumise au vote du Parlement européen en mai ou en juin 2008.

Ce texte ouvre la voie à la généralisation d’une politique
européenne d’internement des migrants. Loin de réserver
l’enfermement administratif à des circonstances exceptionnelles, ou
dans le seul but d’organiser leur éloignement, elle prévoit en effet
l’enfermement de tout étranger dès lors que, frappé d’une mesure
d’expulsion, il présentera un risque de fuite ou constituera une
menace à l’ordre public. On peut prévoir que presque tous les
expulsables soient considérés comme susceptibles de s’enfuir et
ainsi de menacer l’ordre public.

La directive propose que la détention, d’une durée de trois mois,
puisse être prolongée jusqu’à dix-huit mois dans le cas où
l’étranger ne coopère pas à son éloignement, ou s’il représente une
menace pour l’ordre public, ou encore si l’administration rencontre
des difficultés pour obtenir les documents de voyage.

Cette « industrialisation » de l’expulsion est telle en Europe qu’un
pilote autrichien propose actuellement aux gouvernements des pays
membres les services d’une nouvelle compagnie aérienne – dénommée
Asylum Airways ! -, dont les avions seront spécialement équipés pour
que les victimes de l’éloignement ne puissent se révolter.

Dans un tel contexte, l’UCIJ appelle à la journée européenne
d’action contre l’enfermement des étrangers du samedi 19 janvier 2008.

Angers, Beauvais, Bordeaux, Calais-Coquelles, Clermont-Ferrand,
Marseille, Metz, Nantes, Rennes, Sète, Tarbes, Toulouse, entre
autres, prévoient l’organisation d’initiatives à cette occasion.

A Paris, la manifestation débutera à 14 heures au Musée de
l’Immigration, porte Dorée, avant de se rendre devant le centre de
rétention de Vincennes. Le matin, des personnalités protesteront
devant le centre de rétention du Mesnil-Amelot.

Paris, le 17 janvier 2008

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