ATMF de Strasbourg : Je vote qui je veux
Pour une véritable représentation politique et publique des toutes les composantes de la société sans discrimination
Jan
24
Pour une véritable représentation politique et publique des toutes les composantes de la société sans discrimination
Jan
19
09/12/2003 – Le projet de Constitution de l’Union européenne comme les traités antérieurs stipule que possèdent la citoyenneté de l’Union européenne « les personnes ayant la nationalité d’un État membre ».
Cette disposition qui exclut de la citoyenneté de l’Union 15 millions de personnes, ressortissantes des États tiers, est inacceptable pour nous, aujourd’hui comme hier.
Si la Constitution est adoptée, elle prévoit (art.1-46-4) qu’un million de citoyens (au moins) de plusieurs États membres peuvent demander une initiative de la Commission.
C’est pourquoi nous lançons la présente pétition qui vise à recueillir plus d’un million de signatures dans différents pays de l’Union pour demander une nouvelle définition de la Citoyenneté européenne : « Possède la citoyenneté de l’Union toute personne résidant sur le territoire d’un État membre ou ayant la nationalité d’un État membre ».
Quel que soit l’avenir du projet de Constitution, les signatures seront remises aux différents gouvernements de l’Union, à la Commission et au Parlement européen.
Vous pouvez envoyer vos signatures à l’ATMF ou vous connecter sur le site dédiée à cette campagne :
http://www.fidh-ae.org/petition-million.htm
Jan
19
Appel pour une représentation politique des citoyens dans leur diversité
Le séisme électoral du 21 avril 2002 et le fort taux d’abstention constaté ont révélé une fracture entre les Français et leurs représentants. Une des causes de cette fracture est le décalage entre la composition de la classe politique et celle de la population française. Une grande partie de la jeunesse française est issue de l’immigration. A de rares exceptions près, cette fraction de la population n’a pas accès aux responsabilités tant locales que nationales. La faible représentation politique des Français issus de l’immigration pose un réel problème pour notre démocratie et ne peut que renforcer le désintérêt de ses citoyens pour la politique. Ce formidable gâchis de dynamismes et d’ambitions appauvrit le débat public et renforce les discriminations déjà subies dans de nombreux domaines par cette composante de la société française. Nous collectif d’associations, lançons une campagne nationale pour une véritable représentation politique de toutes les composantes de la société sans discrimination. Les partis politiques doivent prendre leurs responsabilités et mettre enfin en accord les principes qu’ils affichent et leurs pratiques réelles. Pour les prochaines élections cantonales régionales et européennes en 2004, les listes doivent être largement représentatives de la France plurielle.
Comité de pilotage
Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF), Ligue de l’Enseignement, Ligue des Droits de l’Homme (LDH), Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP).
Signataires
Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF), Association des Tunisiens de France , Africagora , Centre de ressources de lutte contre les discriminations, Club Afrique,, Déclic 21, la Fédération Française des MJC , Ligue des Droits de l’Homme (LDH), Ligue de l’Enseignement, Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP), Mouvement pour une Citoyenneté Active, Société des Réalisateurs de Films, Unir…
Pourquoi cette campagne et pourquoi maintenant ?
Le racisme c’est vouloir que l’autre n’existe pas. Bien sûr il y a le racisme direct, délibéré, flagrant. Et puis il y a le racisme indirect, sournois celui qu’on n’affiche pas, qu’on n’avoue pas, mais qui n’en exclut pas moins l’autre. Nous estimons que l’absence de visibilité des Français issus de l’immigration dans l’espace politique relève de cette forme de racisme. Très visible dans le show-bizz et dans le sport, la France plurielle est en revanche exclue des sphères du pouvoir (la politique), ou qui ont un lien avec le pouvoir (les médias). Nous sommes à la veille d’échéances électorales importantes et nous estimons qu’on ne plus parler des discriminations de manière virtuelle, se contenter de proférer des incantations antiracistes, quand de fait la discrimination existe dans la sphère politique.
Quels sont les objectifs de cette campagne ?
Cette campagne est un vrai défi de citoyenneté. Les Français issus de l’immigration, disons le franchement, d’origine maghrébine ou africaine, sont mis dans les angles morts de la citoyenneté française. On n’est plus dans un débat sur l’intégration, l’assimilation, l’insertion, non, il s’agit d’un vrai problème d’égalité républicaine.
Le défi est aussi un défi pédagogique : promouvoir des candidatures issues de l’immigration permettra de casser les stéréotypes, de faire avancer les mentalités, en montrant qu’il y a aujourd’hui un certain nombre de Français issus de l’immigration qui ont une disponibilité et une compétence à mettre au service de tous (et pas seulement d’une communauté ou d’une minorité).
Si vous souhaitez du matériel autour de cette campagne dans votre cité, ville, région contactez l’ATMF, nous vous proposons avec nos partenaires : un journal, des tracts, un argumentaire et la possibilité d’organiser une projection débat avec le réalisateur du film Rêves de France à Marseille
Jan
19
Le 26 novembre 2003 est sorti le film de Jean-Louis Comolli et Michel Samson : Rêves de France à Marseille. C’est l’un des premiers films à traiter frontalement d’une question cruciale pour notre démocratie : celle du décalage entre la composition de la classe politique et celle de la population française, et de l’absence aux responsabilités tant locales que nationales des Français issus de l’immigration. C’est pourquoi sa sortie coïncide avec le lancement national d’une vaste campagne citoyenne, à l’initiative d’un collectif d ‘ associations : « Donnons-nous des couleurs », Campagne pour une représentation politique des citoyens dans leur diversité. Cette campagne aura pour but de sensibiliser l’opinion publique, d’interpeller nos représentants, et de lancer enfin un débat à l’échelle nationale. Deux ans après le 21 avril, qui a montré la fracture entre les Français et leurs représentants, vingt ans après les premières marches pour l’égalité des droits civiques, et quelques mois avant une série d’échéances électorales majeures (régionales, cantonales, européennes), ce débat a tout d’une urgence.
Le film Rêve de France à Marseille
Réalisé par Jean-Louis Comolli / scénario Jean-Louis Comolli, Michel Samson et Ginette Lavigne / musique : André Jaume / image : Jean-Louis Porte / son : Jean-François Priester / montage : Ginette Lavigne / production : Paul Saadoun (13 Production), Institut National de l’Audiovisuelle (Gérald Collas) / Pierre Grise Distribution / année : 2003 / Durée : 104′
Marseille, juin 1999. La grande fête de la Massalia, célébration des communautés qui font Marseille, bat son plein. Moins d’un an plus tard, en mars 2000, s’ouvre la campagne des municipales 2001 : cet esprit d’ouverture et de tolérance trouve-t-il sa traduction dans la sphère politique ? Combien d’enfants de l’immigration figureront en position éligible et seront finalement élus parmi les 101 conseillers municipaux ? En suivant les mésaventures de Tahar Rahmani, conseiller municipal sortant, et d’autres militants et cadres politiques issus de l’immigration, Rêves de France à Marseille montre l’écart cruel qui s’est creusé entre l’idéal républicain et les pratiques partisanes.
Si vous souhaitez du matériel autour de cette campagne dans votre cité, ville, région contactez l’ATMF, nous vous proposerons avec nos partenaires : un journal, des tracts, un argumentaire et la possibilité d’organiser une projection débat avec le réalisateur du film Rêves de France à Marseille
Jan
19
=http://www.fidh-ae.org/petition-million.htm
Jan
18
=http://www.atmf.org/spip.php?article167
Jan
3
L’ATMF National est une fédération de 17 associations réparties sur le territoire.
C’est une association laïque, démocratique et indépendante qui œuvre pour l’égalité des droits entre français et immigrés et pour la citoyenneté de résidence.
Notre action se base sur le militantisme, le bénévolat et un professionnalisme nourri par une connaissance réelle des besoins des populations, grâce à notre présence sur le terrain.
L’ATMF a été créée le 19 Janvier 1982, après l’abrogation en Octobre 1981 du décret pétainiste interdisant aux immigrés de s’organiser en association.
L’ATMF plonge ses racines dans les grandes luttes qui ont marqué l’histoire de l’immigration :
– Soutien aux mouvements de libération des pays du Maghreb.
– Luttes syndicales pour la dignité et les droits des travailleurs immigrés
– Luttes des travailleurs immigrés pour un logement décent et contre les marchands de sommeil privés et institutionnels comme les foyers
SONACOTRA.
– Mobilisations contre le racisme et la xénophobie
– Luttes contre la double peine.
– Mobilisations contre les lois anti-immigrés
L’ATMF s’est fixée comme objectifs :
– Organiser la communauté maghrébine et au delà, dans un cadre associatif propice à l’émergence d’une citoyenneté active.
– Combattre le racisme et toute forme d’extrémisme ou de rejet pour une meilleure compréhension entre les populations immigrées, européennes et au-delà.
– Faire face collectivement aux problèmes liés au logement, travail, chômage, école, discriminations…
– Travailler en partenariat avec des acteurs associatifs et institutionnels pour favoriser une égalité de traitement des personnes.
– Renforcer la solidarité entre les pays des deux rives de la Méditerranée pour l’émergence d’une démocratie réelle.
– Conduire des projets et réaliser des actions visant à favoriser l’accès aux droits, à la citoyenneté, à l’insertion des populations issues de l’immigration.
C’est autour de ces conceptions et préoccupations citoyennes que s’inscrit l’action de l’ATMF et les 14 associations membres de l’ATMF National
Déc
29
=http://www.atmf.org/spip.php?article58
Déc
26
=http://www.rsf.fr/article.php3?id_article=8872Reporters sans frontières dénonce la peine de quatre mois de prison avec sursis prononcée le 23 décembre par le tribunal d’Alger à l’encontre d’Ali Dilem, caricaturiste du quotidien Liberté.
» Nous dénonçons, une nouvelle fois, l’utilisation abusive de l’article 144 bis du code pénal par les autorités algériennes qui, sous couvert de diffamation, visent à faire taire la presse privée, jugée trop irrévérencieuse. Le pouvoir politique cherche ainsi à briser la plume d’un des caricaturistes les plus mordants de la presse algérienne « , a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Ali Dilem a été condamné pour diffamation, en vertu de l’article 144 bis du code pénal amendé, à une peine de quatre mois de prison avec sursis, et à une amende de 100 000 dinars (environ 1 200 euros), dans une affaire l’opposant au ministère de la Défense nationale. Abrous Outoudert et Hacène Ouandjeli, respectivement ex-directeur de publication et ex-directeur de la rédaction ont été condamnés dans la même affaire à verser une amende de 50 000 dinars (environ 600 euros) chacun. La caricature incriminée, datée du 3 avril 2002, mettait en scène un drame survenu la veille, quand 21 militaires avaient été victimes d’un faux barrage dressé par deux terroristes. Elle était légendée » Le code pénal protège les généraux, pas les soldats « . Le ministère de la Défense avait jugé diffamatoire cette caricature. Pour l’avocat d’Ali Dilem, Maître Bourayou, ce verdict est particulièrement sévère. » On veut non seulement le condamner, lui, mais aussi cette forme d’expression « , a-t-il déclaré au quotidien Le Matin.
L’article 144 bis du code pénal prévoit des peines de deux à douze mois de prison et des amendes allant de 50 000 à 250 000 dinars (environ 600 à 3 000 euros) pour toute mise en cause du président de la République dans des termes injurieux, insultants ou diffamatoires. Ces sanctions visent également les mêmes délits lorsqu’ils sont commis à l’encontre du « Parlement ou de l’une de ses deux Chambres, ou de l’ANP (l’Armée nationale populaire)« .
Déc
26
=http://www.telquel-online.com/104/sujet2.htmlLa police d’un côté et les dealers de drogue de l’autre. Entre les deux, il y a l’AMDH, ONG des droits de l’homme. Secouez le tout et vous obtenez le cocktail Chrii, dont l’un des principaux bourreaux passe actuellement en jugement à Safi. Par Karim Boukhari
Mohamed Rachid Chrii n’en démord pas. Du fond de sa cellule à Al-Adr, près d’El-Jadida, il a rédigé un nouvel appel à l’occasion de l’anniversaire, le 10 décembre prochain, de la déclaration mondiale des droits de l’homme. « J’entamerai, écrit Chrii, une grève de la faim les 9, 10 et 11 décembre pour protester contre mon enlèvement et la torture que j’ai subie, et je demande l’ouverture d’une enquête concernant mes ravisseurs et tortionnaires. Et ma libération immédiate et inconditionnelle en tant que détenu politique ». Cet appel coïncide avec le lancement d’une pétition internationale en faveur de Chrii (solidariterachid@yahoo.fr), à l’appel de solidarité de plusieurs députés européens qui ont adressé, le 26 novembre, un courrier en ce sens au Premier ministre, Driss Jettou, mais aussi au « réveil » d’importantes organisations de droits de l’homme comme Amnesty ou la FIDH qui, à leur tour, en sont venues à inclure Chrii parmi les détenus d’opinion au Maroc. Comme nous l’a confirmé un ami de Chrii, joint à Safi, « Rachid n’est plus seul. Son calvaire a souffert de la concomitance des événements du 16 mai et du procès d’Ali Lmrabet. Résultat, on a quelque peu oublié Chrii. Mais la tendance commence à s’inverser et ce n’est que justice ». Avant de devenir une affaire nationale, le cas Chrii a d’abord été une affaire locale. À Safi, la condamnation du militant à 18 mois de prison ferme assortie de 4000 DH d’amende a d’abord provoqué la colère des habitants de son quartier, Saniat, l’un des faubourgs de la ville. De pétitions en sit-in, ses voisins ont été rejoints dans leur mouvement de protestation par ses collègues de travail, ses amis de l’AMDH et d’Attac. Mais aussi par les sections locales de la CDT, de l’UMT, de la GSU, etc. Même les islamistes du PJD et d’Al-Adl Wal Ihsane ont manifesté, tôt, leur solidarité à cet homme dont l’histoire a réellement marqué l’année 2003
Qui est Rachid Chrii ? Un jeune homme de 38 ans, célibataire, employé communal, qui vit tranquillement avec sa mère et son frère cadet. Dans les années 90, et à la faveur du réveil du Maroc aux droits de l’homme, il rejoint logiquement la section locale de l’AMDH. « À Safi, nous raconte M. Mribeh, membre de cette même section, la police et les militants se livraient pratiquement une guerre de tranchées ». Comment et pourquoi ? « La paupérisation de la ville, poursuit Mribeh, a multiplié le chômage et donné un coup de fouet aux trafics en tous genres. La police judiciaire avait beaucoup de boulot, mais elle n’y allait pas de main morte avec les dealers ou supposés tels. Nous, à l’AMDH, on croulait littéralement sous les témoignages et les plaintes contre des pratiques barbares. Tel dealer se plaignait avoir été soumis au supplice dit de la bouteille, tel autre disait qu’on le rackettait ou qu’on l’obligeait à collaborer avec des éléments de la police. Sans parler des ouvriers victimes de mesures abusives, des habitants coupés d’eau ou d’électricité, etc ». L’AMDH, réceptacle de toutes ses doléances, haussait le ton et multipliait les réclamations, notamment auprès du procureur de la ville. En face, la police faisait du nettoyage à sec avec ses moyens, ses méthodes, ses hommes. Chrii, lui, était au cœur de ce combat. Issu d’un quartier pauvre, il connaissait les dealers et le citoyen lambda qui, en retour, lui vouaient, d’après plusieurs témoignages recueillis sur place, un grand respect. « Chrii, nous raconte une source policière à Safi, nous empêchait de faire correctement notre boulot de nettoyage. En s’interposant contre l’arrestation ou la brutalisation d’un suspect, il enflammait les foules et menaçait le respect dû aux forces de l’ordre ».
Tout est parti de là. « Un jour, nous explique une source à l’AMDH, nous sommes allés voir le procureur général de la ville pour nous plaindre des agissements d’un officier connu pour son non-respect des droits les plus élémentaires des individus. Les témoignages de torture accablant ce policier abondaient. La réponse du procureur a été : ‘cet élément est brillant, il compte parmi les meilleurs affectés à la sécurité et à l’ordre dans cette ville…' ». Dialogue de sourds et fin de non-recevoir. En 1999, déjà, Chrii est arrêté dans le cadre de son activisme de rue « pour outrage à agent de l’État ». Il est relaxé faute de preuves. Quelque temps plus tard, le policier le plus montré du doigt, un certain M.B, élément de la brigade des stups, est muté loin de Safi. Le soulagement de l’AMDH ne sera que de courte durée puisque, quelques mois plus tard, débarque, de Marrakech, un nouvel officier : Abdelmajid Aït Adraoui, aujourd’hui une célébrité dans la ville. « Adraoui, nous raconte Mribeh, est un adepte de la manière forte. Il mène son combat contre les dealers et les militants, de la même manière : inhumaine. Il a vite fait de repérer Chrii. Le reste n’était plus, apparemment, qu’une question de temps ». Fin 2002, Chrii conduit la délégation de l’AMDH qui enquête sur les pratiques subies par certains détenus à la prison civile de Safi. Un enregistrement visuel existe, où l’on voit le militant et ses amis, prendre la parole et la redonner aux familles des détenus. « Au-delà des conditions générales de détention, explique aujourd’hui encore Chrii, c’est contre la torture et les mauvais traitements que plusieurs détenus, dont beaucoup des dealers, se plaignaient et se plaignent encore ». Le 21 avril 2003, au bout d’une énième échauffourée ente les forces de l’ordre et les habitants (dealers et « gens normaux ») du quartier Saniat, Chrii est interpellé. « On m’a enlevé sur le chemin de mon travail, à la commune. On m’a séquestré dans une maison avant de m’envoyer au poste de police. Bandeau sur les yeux, on m’a insulté, frappé, torturé, et violé à l’aide d’un bâton surmontant une bouteille de limonade. Mes tortionnaires me disaient : tu croyais éternellement nous échapper ? Te voilà entre nos mains, et cette fois, tu l’auras dans le… ». Chrii le dira, et le confirmera par écrit : « J’ai pu reconnaître distinctement mes tortionnaires : Abdelmajid Aït El-Adraoui, Abdellah Maghari, Jalal Mustapha, Hassan Fedouach, Fettah Atouani, Rachid (le conducteur de la voiture au bord de laquelle j’ai été kidnappé) ». Aït Adraoui est du lot, mais aussi un certain Hassan Fedouach, « un presque voisin de quartier de Chrii », nous précise Mribeh. Le procès de Chrii s’ouvre, début mai, sur un coup de théâtre : le militant est accusé d’outrage et violence contre fonctionnaires, de tentative de faire évader un criminel, de rébellion… et de trafic de drogue. Chrii et ses avocats, dont un bataillon drainé des quatre coins du pays (conduit par le vétéran Abderrahman Benameur), contre-attaquent. Me Tarik se souvient : « J’ai vu Rachid dans sa cellule, il a baissé son pantalon, il n’avait pas de slip puisqu’ils l’avaient confisqué pour l’humilier ». Les audiences se déroulent dans une tension extrême. Manifestations de rues, pancartes et banderoles, interdiction de mettre le pied dans l’enceinte du tribunal, etc. Mais le verdict tombe comme un couperet : Chrii est condamné à 18 mois de prison ferme et 4000 DH d’amende. Il demandera et obtiendra une contre-expertise médicale pour prouver qu’il a été violé. « Les résultats de l’expertise médicale, nous révèle une source judiciaire, prouvent que Chrii portait des marques de traumatismes divers sur le corps. Mais rien ne prouve que ces marques ne sont pas consécutives à une bagarre… ». Classique. « J’ai été victime de la bouteille, explique aujourd’hui encore, de vive voix, Chrii. Cette pratique existe encore et je ne suis pas le seul à l’avoir connue… ».
Le 16 mai jette une chape de plomb sur le bouillonnement qui entourait le cas Chrii. Ses grèves de la faim, ses appels, les protestations officielles de ses amis et compagnons de route obtiendront un écho inattendu : un transfert loin de Safi, vers la prison de Ben Ahmed, ensuite à El-Adr près d’El-Jadida parmi les prisonniers de droit commun : « C’est une vengeance contre moi, contre ma mère et mes amis obligés de parcourir des centaines de kilomètres pour me voir ».
Pendant que Chrii continue d’explorer les échelles descendantes de la vie carcérale, la guerre des tranchées continue de sévir à Safi. Abdelmajid Aït Adraoui, pour ne citer que lui, fait toujours parler de lui. Écoutons ce dirigeant de l’AMDH : « Aït Adraoui traîne une affaire judiciaire derrière lui. Un ancien détenu, Rabiî Joudar, a porté plainte contre lui, pour sévices corporels. L’histoire a commencé en 2002, déjà. Mais ce n’est qu’à la rentrée 2003 que le procès a réellement démarré. La prochaine audience est attendue pour le 25 décembre ». En attendant, l’officier de police se fait tout discret…
TelQuel, vendredi 19 décembre 2003