Les mineur.es isolé.es marocain.es victimes du marchandage entre la France et le Maroc

Des enfants assimilés à une marchandise qu’on utilise dans un rapport de force pour obtenir de l’Europe des avantages politiques et financiers en contrepartie du contrôle des flux migratoires, c’est ce que la France vient de « saluer » en réagissant favorablement à la directive royale du 1er juin sur le retour des mineur·es isolé·es de nationalité marocaine présents sur le territoire européen.

Ces déclarations ne peuvent être déconnectées des événements de Ceuta et Melilla de mai dernier. Des événements qui ont révélé la « passivité » des autorités marocaines face à la fuite de milliers de Marocains et de Marocaines dont un grand nombre de mineur·es, suscitant une réaction de l’Union européenne, prompte à défendre ses « frontières » et à menacer le Maroc de sanctions.

Cette situation de crise a conduit à des négociations entre le Maroc et l’Espagne, puis à un accord aux termes duquel la prise en compte de l’intérêt des enfants ne tient aucune place.

Les autorités marocaines portent à ce titre une double responsabilité. D’abord, celle de créer des conditions conduisant une partie de sa jeunesse à risquer la mort en traversant la Méditerranée dans l’espoir d’un avenir meilleur. Puis d’accepter leur retour forcé, ce qui les replacera immanquablement dans les mêmes conditions que celles qui ont motivé leur départ.

L’Union européenne, sous couvert de coopération en matière de protection de l’enfance, sous-traite au Maroc la gestion de ses frontières extérieures, en bafouant la Convention internationale des droits de l’enfant.

De son côté, la France, en contournant sa propre législation sur l’interdiction de l’éloignement forcé des mineurs étrangers, met délibérément ces enfants en danger en les renvoyant dans leur pays où ils encourent des peines de prison pour avoir émigré illégalement.

Le Maroc et la France, en signant la convention internationale des droits de l’enfant, ont pris des engagements intangibles. Ils doivent les respecter en renonçant à appliquer la déclaration d’entente qu’ils ont signés le 7 décembre 2020, permettant le renvoi des mineur⋅es marocain⋅es.

 

Premiers signataires :

Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF), Groupe d’information et de soutien des immigré·e·s (Gisti), La Ligue des droits de l’Homme (LDH), le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), InfoMIE, Migreurop, Réseau éducation sans frontière (RESF), Fédération CGT Education Recherche Culture (FERC-CGT), Utopia 56, Association De Défense Des Droits De L’Homme Au Maroc (ASDHOM), Accompagnement et Défense des Mineurs Isolés Étrangers (ADJIE)

14 juin 2021